Comment amener un proche qui est dans le déni à se faire aider ?

17 Sep 2022 | Actualités, Articles pour les proches de personnes TPL, Articles pour les professionnels de santé

Le déni de soin en psychiatrie : un mot précis qui désigne une absence de conscience des troubles proche de l’anosognosie.

« Pour convaincre une personne qui souffre d’un trouble psychique de se faire aider, il faut être à la fois clair, ferme et bienveillant », nous dit le Dr Hélène Lida Pulik. « Les attitudes positives et chaleureuses fonctionnent mieux que les menaces ». Autrement dit, il vaut toujours mieux insister sur les espoirs tangibles de rémission que sur les dangers auxquels la personne s’expose si elle persiste dans son refus de soin.

Quels conseils donner aux familles confrontées au refus de soin d’un proche ?

Premier conseil ?

Si votre proche refuse de se soigner, trouvez du soutien pour vous-même et le reste de votre famille. Cherchez un groupe d’entraide près de chez vous. Soutenir un proche aux prises avec des problèmes de santé mentale peut être éreintant. Veillez à ne pas négliger vos propres besoins. On ne peut aider que si l’on est soi-même en pleine capacité de ses moyens.

Dans le cadre des programmes de psychoéducation de Connexions Familiales, les familles apprennent à alléger leur souffrance en pratiquant l’acceptation radicale. Cela consiste à accueillir le chagrin et la douleur et à cesser de s’auto-flageller.

Quand on accepte l’instant présent tel qu’il est, ni plus ni moins, et que l’on arrête de s’accuser de tous les maux, l’acceptation radicale nous aide à avancer. Il ne s’agit nullement de se résigner ou de se complaire dans une situation donnée. L’acceptation radicale ne nous empêchera jamais de soutenir et d’accompagner notre être cher. Elle nous aidera juste à accepter la vie telle qu’elle est à l’instant T.

Deuxième conseil : il faut rassurer plutôt que menacer…

Lorsque l’on brandit le spectre des dangers, on crée de la peur chez la personne que l’on essaie d’aider et cette peur est bloquante. Ce n’est pas non plus parce que l’on veut aider que l’on est forcément la meilleure personne pour le faire. Trouver le bon interlocuteur est très important. Le père ou la mère de l’adolescent·e, le conjoint ou les parents de l’adulte en souffrance ne sont pas toujours les mieux placés pour mener ce travail de persuasion.

…Il faut aussi s’adapter à la personnalité et à l’état de santé de la personne

Dans l’exercice de sa pratique de pédopsychiatre, le Dr Lida Pulik doit d’abord tranquilliser et convaincre des parents souvent inquiets et réticents. Il n’existe pas de recette imparable. Face à des adultes, il faut s’adapter à la personnalité et à l’état de santé de la personne. Il faut la rassurer et entendre la peur, la méfiance et le sentiment de persécution qu’elle peut éprouver.

Comment s’y prendre avec un proche souffrant de dysrégulation émotionnelle ?

Utiliser le « je » plutôt que le « tu » et la technique du disque rayé :

Au lieu de dire : « tu as besoin de te faire soigner ! » Dites plutôt : « Quand je t’entends dire que tu es malheureux/malheureuse, je me fais du souci. Je crois que ça t’aiderait vraiment si tu parlais à quelqu’un de ce que tu ressens. » Privilégiez les phrases courtes. Il est conseillé d’utiliser la technique du disque rayé, qui consiste à reformuler un message en manifestant une empathie croissante (ex : « J’ai bien compris que…, et en même temps… »).

Valider les émotions :

Commencez toujours par valider les émotions de votre proche. Dites-lui que vous voyez bien qu’il souffre et qu’il peut compter sur votre écoute. Veillez à utiliser la bonne formulation. Dites : « j’ai l’impression que tu es triste» plutôt que « tu es triste ». Montrez que vous vous intéressez à lui, que vous avez constaté des changements de comportement indiscutables et que vous aimeriez comprendre les raisons de ces changements.

Expliquer que demander de l’aide n’a rien de honteux :

Parlez-lui de votre propre expérience et des bienfaits que vous avez pu retirer d’un dialogue constructif ou d’une main tendue lors de difficultés passées. Expliquez-lui qu’une consultation permet de faire le point sur les fragilités, mais aussi sur les forces et les ressources. Elle permet d’entrevoir le début d’un autre chemin possible. Parlez-lui du site MonPsy.

Montrer que des solutions existent :

Incitez-le à prendre contact avec des associations (France Dépression, AFTOC etc…) qui seront une mine de renseignements utiles. Laissez trainer sur la table du salon des sources d’information en rapport avec son problème, un flyer sur un lieu de soins… Le site de Connexions Familiales, mais aussi des livres, des émissions ou des vidéos peuvent lui faire découvrir que des solutions existent.

Normaliser le vécu sans jamais le banaliser :

La souffrance isole. Le Dr Lida Pulik conseille d’aider la personne à mettre des mots sur ce qui se passe. Oui, les troubles qui lui gâchent la vie existent. Ils ont un nom et ils se soignent. Il ne s’agit pas de banaliser l’expérience vécue mais de la normaliser.

Lire des témoignages de personnes atteintes de troubles similaires.

Ce qu’il ne faut surtout pas faire

  • Contraindre la personne à reconnaître son problème, aussi délétère soit-il.
  • Chercher à obtenir un changement d’attitude radical du jour au lendemain.
  • Perdre patience et transformer votre colère en violence.
  • Lancer des ultimatums ou faire du chantage : votre proche risque de se braquer et de déprimer encore plus.
  • Stigmatiser ou sanctionner la personne parce qu’elle n’arrive pas à surmonter ses problèmes.
  • Culpabiliser la personne.
  • Juger la personne.

Sources : Psychoéducation de Connexions Familiales, e-psychiatrie.fr, psychologue.net, le blog Aliéniste et Rockologue, L’acceptation radicale, Tara Brach