GPM-A : efficacité comparée à des thérapies plus spécialisées

10 Sep 2023 | Colloque

Cet article fait partie d’une série consacrée au GPM-A (Good Psychiatric Management pour Adolescents), qui est un traitement généraliste permettant une prise en charge efficace des adolescents souffrant du trouble borderline (TPB).

Il s’agit d’une adaptation du modèle développé pour les adultes par le Dr John Gunderson de l’hôpital de Mc Lean (Université de Harvard).


Des approches généralistes comme le GPM-A fonctionnent aussi bien que des thérapies plus spécialisées.

Lois CHOI-KAIN explique pourquoi dans un article intitulé : Debranding Treatment for Borderline Personality Disorder: A Call to Balance Access to Care with Therapeutic Purity. A la lecture de cet article, le psychologue Marvin Goldfried a applaudi des deux mains.

https://journals.lww.com/hrpjournal/fulltext/2020/05000/debrandingtreatment_for_borderline_personality.1.aspx

Objectifs communs à toutes les thérapies

D’après Marvin Goldfried*, les cliniciens d’aujourd’hui accordent trop d’importance aux détails. Du coup, ils perdent de vue les principes du changement communs à toutes les psychothérapies, à savoir :

  • nourrir chez le patient l’espoir que la thérapie peut l’aider,
  • établir une alliance thérapeutique optimale,
  • aider le patient à prendre conscience des facteurs associés à ses difficultés,
  • encourager le patient à s’engager dans des expériences correctrices,
  • encourager le patient à se confronter en permanence à la réalité de la vie.

D’après Lois Choi-Kain, ces  objectifs communs sont plus importants que les objectifs spécifiques des thérapies plus spécialisées**.

Condition n°1 d’un traitement efficace : le diagnostic

Principe n°1 du GPM-A :  le diagnostic doit intervenir le plus tôt possible chez les adolescents. Dans le GPM-A, on explique au patient qu’il souffre d’une hypersensibilité interpersonnelle et que cette hypersensibilité est à l’origine de tous les autres symptômes. On lui dit aussi que plus on intervient à un stade précoce du trouble, plus les résultats du traitement sont concluants. Le GPM-A marque donc un point à ce niveau.

Traitements génériques vs traitements de marque

Les ingrédients actifs sont les mêmes

Lois Choi-Kain établit un parallèle entre thérapies de marque et thérapies généralistes d’une part et médicaments sous brevets et médicaments génériques, d’autre part. Dans les thérapies comme dans les médicaments génériques ou protégés, on retrouve toujours un mécanisme d’action central commun. Le reste n’est qu’un habillage commercial. Le GPM-A présente l’avantage de regrouper tous les ingrédients actifs des thérapies de marque. En 2019, Andrew Chanen a  abondé dans ce sens. Selon lui, il en va des thérapies comme des détergents : « A la base, le principe actif est le même. Seul l’emballage et la publicité nous incitent à croire qu’un produit est plus efficace qu’un autre ».

Quand tous les ingrédients thérapeutiques actifs sont réunis, ça fonctionne

Pour traiter le TPB de manière efficace, les soignants doivent :

  • se focaliser de manière éclairée sur le trouble,
  • formuler de manière cohérente les causes des symptômes et
  • organiser une approche thérapeutique cohérente autour de la formulation proposée.

Quand tous ces ingrédients sont réunis, le traitement, quel que soit son nom, donne de bons résultats.

Une approche généraliste comme le GPM repose sur des lignes directrices de soins définies par des cliniciens experts pour les patients souffrant de TPB. La plus grande étude opposant la TCD au GPM sur les patients ambulatoires souffrant de TPB n’a constaté à ce jour aucune différence dans les résultats après un an de traitement ou après trois ans de suivi.

Avantages d’une approche généraliste

Plus légères en termes de contenu psychothérapeutique et plus lourdes en termes de gestion de cas clinique, les approches généralistes transforment ce qui fonctionne dans les autres thérapies en interventions pragmatiques que tous les praticiens de santé mentale peuvent aisément s’approprier.

Cela signifie que la majorité des soins peut être redistribuée aux soins de santé mentale généraux et que davantage de patients recevront des soins éclairés. C’est là un autre avantage majeur du GPM sachant qu’il existe actuellement une grave pénurie de soignants formés aux thérapies de marque, notamment en France.

Cette nouvelle approche pourrait contribuer à déstigmatiser le trouble en prouvant qu’il s’agit d’une affection psychiatrique parmi d’autres – et non d’une affection si grave que son traitement ne devrait être dispensé que par des spécialistes.

Extrait retranscrit à partir de la formation du 21 avril 2023 sur le GPM-A – Lien vers vidéo de la séquence animée par le Pr Lois Choi-Kain

* Pour la petite histoire, ce psychologue a été l’un des professeurs de Marsha Linehan, la psychologue américaine qui a mis au point la thérapie comportementale dialectique.

** Parmi les thérapies spécialisées figurent notamment la thérapie comportementale dialectique, le traitement basé sur la mentalisation, la psychothérapie centrée sur le transfert et la thérapie centrée sur les schémas.