GPM-A : intervention précoce et évolution du trouble borderline

10 Sep 2023 | Colloque

Cet article fait partie d’une série consacrée au GPM-A (Good Psychiatric Management pour Adolescents), qui est un traitement généraliste permettant une prise en charge efficace des adolescents souffrant du trouble borderline (TPB).

Il s’agit d’une adaptation du modèle développé pour les adultes par le Dr John Gunderson de l’hôpital de Mc Lean (Université de Harvard).


Une intervention précoce augmente les chances de rétablissement

Les études montrent que les patients qui ont bénéficié d’une thérapie très tôt dans leur vie développent de meilleures compétences interpersonnelles. Ces patients fréquentent moins les urgences et les CMP. Leur trouble ne s’est pas chronicisé. Et le traitement adapté qu’ils ont reçu leur permet de vivre une vie satisfaisante.

La planche BD ci-dessous résume assez bien le mode d’interaction d’un jeune souffrant de trouble de la personnalité borderline (TPB) :  il se sent souvent obligé de s’exprimer de manière explosive pour avoir l’attention de la personne avec laquelle il interagit. Et ce problème tend à s’aggraver si l’on ne prend pas conscience que cette manière de s’exprimer vient du trouble.

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Evolution du trouble borderline

Des chamboulements majeurs à l’adolescence

Les symptômes du TPB peuvent apparaître dès l’âge de 8-9 ans, avec un pic entre 14 et 16 ans. A l’adolescence, le cerveau se réorganise en profondeur. C’est une période compliquée si le sentiment de sécurité qui aurait dû se construire pendant l’enfance fait défaut. Sensibilité, impulsivité et émotions exacerbées caractérisent cette phase de vulnérabilité. C’est aussi durant cette période que les jeunes développent conscience de soi et identité. Cela les aide à gérer leurs comportements et leurs émotions.

Dans le même temps à l’adolescence, la myélinisation des axones s’accélère. Les processus à l’intérieur du cerveau deviennent plus rapides et efficients. Or le système limbique se développe beaucoup plus rapidement que le cortex préfrontal dont la maturité se produit seulement à la fin de l’adolescence. Ce décalage explique l’impulsivité, le besoin d’immédiateté, la grande réactivité émotionnelle si caractéristique de l’adolescence.

Le TPB ne frappe pas tous les adolescents

Chez la plupart des jeunes, cette réactivité émotionnelle sera transitoire et finira par se normaliser. Mais dans certains cas, elle va persister et s’aggraver. Au fardeau de l’impulsivité, des conduites auto-dommageables, de la réactivité émotionnelle et de l’instabilité interpersonnelle va s’ajouter la distance vis-à-vis des pairs : les jeunes s’éloignent de leurs ami·e·s : ils se marginalisent. Leur capacité d’adaptation s’émousse et ils ne parviennent pas à devenir réellement adultes, d’où l’immaturité que l’on retrouve chez les personnes souffrant du TBP. Une intervention précoce permet de réduire le sentiment d’aliénation que ces jeunes ressentent vis-à-vis de leurs camarades et de la société en général. Le sentiment d’appartenance est d’une importance cruciale pour la santé mentale de nos jeunes.

Les signes qui laissent présager un TPB

Automutilations, actions et menaces suicidaires, relations instables, dévalorisations, états dissociatifs sont les meilleurs indices de la présence d’un TPB. Un traitement adéquat permet de résorber ces symptômes aigus en six mois. Les colères intenses, le sentiment de vide chronique, la peur de l’abandon, les troubles identitaires, les limitations cognitives et affectives sont des symptômes non-spécifiques qui mettent beaucoup plus de temps à se résorber. Les traits caractéristiques du TPB diminuent d’environ 60% entre 9 et 28 ans. Ils se stabilisent entre 28 et 38 ans.

D’après les études, les jeunes ont besoin de traitements moins intensifs et plus courts pour aller mieux

Extrait retranscrit à partir de la formation du 21 avril 2023 sur le GPM-A – Lien vers vidéo de la séquence animée par le Pr Lois Choi-Kain