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GPM-A : Quelques mythes à déconstruire sur le trouble de la personnalité borderline (TPB) chez les adolescents
Cet article fait partie d’une série consacrée au GPM-A (Good Psychiatric Management pour Adolescents), qui est un traitement généraliste permettant une prise en charge efficace des adolescents souffrant du trouble borderline (TPB).
Il s’agit d’une adaptation du modèle développé pour les adultes par le Dr John Gunderson de l’hôpital de Mc Lean (Université de Harvard).
Le TPB a souvent mauvaise presse auprès des soignants. La plupart des cliniciens confrontés à des jeunes en souffrance manque de formation. Ils ne sont pas à l’aise avec ce trouble et ne savent pas vers qui se tourner pour accéder à des traitements pertinents. Et comme la demande excède généralement l’offre, nos jeunes ne reçoivent pas les soins auxquels ils sont en droit de prétendre. Au Royaume-Uni, seulement 32% des pédopsychiatres reconnaissent la validité du diagnostic de TPB pour les adolescents. Aux Pays-Bas, ce pourcentage atteint 58%, mais seulement 8,7% des soignants diagnostiquent le trouble.
Mythe n°1 : Les troubles de la personnalité sont durables, irréductibles et envahissants
La réalité est plus nuancée : Au début de l’évolution, certaines personnes présentent tous les symptômes du trouble, tandis que d’autres, avec des symptômes moins graves, entrent et sortent du diagnostic.
Mythe n°2 : Les patients avec un TPB ne s’améliorent que s’ils reçoivent un traitement intensif et de longue durée pratiqué par des experts
Seul un sous-groupe de patients nécessite un traitement expert intensif et prolongé. La plupart des thérapies validées pour les adolescents avec un TPB s’organisent autour de la scolarité et des activités extra-scolaires et non à leur détriment. Il est important qu’il en soit ainsi à un âge où les jeunes construisent leur vie. Mal conduits, des traitements intenses peuvent être une source de régression.
Mythe n°3 : Tous les adolescents sont « un peu limites »
Les symptômes du TPB diminuent avec le temps. Quand les symptômes persistent, ils doivent faire l’objet d’une prise en charge plus ciblée.
Mythe n°4 : Le TPB est le résultat d’abus et de mauvais traitements
Les causes sont multifactorielles. Le trouble résulte d’une interaction entre le tempérament et les caractéristiques neurobiologiques des enfants et l’environnement de soins avec lequel ils interagissent.
Mythe n°5 : Les patients souffrant de TPB résistent au traitement et sont très agressifs vis-à-vis des soignants
Ces difficultés sont des symptômes du trouble borderline. En aucun cas, il ne s’agit de manœuvres délibérées visant à mettre en échec le traitement.
Mythe n°6 : Le risque récurrent de suicide fait peser sur les soignants une responsabilité excessive et un risque permanent de litiges
Ces fardeaux sont souvent le signe de traitements inadaptés ou de cliniciens sur la défensive. Le soignant s’épuisera moins et s’exposera à moins de litiges s’il implique la famille et partage ses difficultés avec ses collègues.
Tous les patients devraient avoir droit à un diagnostic et une intervention précoce. Les premiers symptômes du TPB coexistent souvent avec d’autres troubles. Ces symptômes risquent d’entraîner une détérioration des relations familiales et un décrochage scolaire. On peut regretter que le TPB ne fasse pas l’objet d’un dépistage systématique.
Extrait retranscrit à partir de la formation du 21 avril 2023 sur le GPM-A.
Lien vers la vidéo de la séquence animée par le Pr Lois Choi-Kain
Source : Handbook of Good Psychiatric Management for Adolescents with Borderline Personality Disorder, Edited by Lois W. Choi-Kain, M.D., M.Ed. and Carla Sharp, Ph. D.