GPM-A : tout ce qu’il faut dire aux patients et aux familles

10 Sep 2023 | Colloque

Cet article fait partie d’une série consacrée au GPM-A (Good Psychiatric Management pour Adolescents), qui est un traitement généraliste permettant une prise en charge efficace des adolescents souffrant du trouble borderline (TPB).

Il s’agit d’une adaptation du modèle développé pour les adultes par le Dr John Gunderson de l’hôpital de Mc Lean (Université de Harvard).


Comment le TPB se développe-t-il ?

« Ce n’est ni votre faute ni celle de vos parents. »  Il existe des prédispositions génétiques et biologiques.

Prédispositions génétiques et biologiques

L’héritabilité est d’environ 55%. La place du gène 5HTTLPR, qui est le transporteur de la sérotonine, aurait une incidence. L’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien est également concerné avec une hypo réactivité de la sécrétion de cortisol au stress aigu et une diminution du volume de l’hypophyse (trauma, NSSI). On constate aussi une réduction du volume du cortex cingulaire antérieur et du cortex orbitofrontal chez les adolescents. Il est toutefois important de noter que c’est une prédisposition héritée, et en aucun cas une fatalité.

Marqueurs neurobiologiques de l’hypersensibilité interpersonnelle du TPB

Les opioïdes augmentent la sensibilité au rejet et à l’abandon.
L’ocytocine accroît la sensibilité sociale : méfiance et antagonisme.
La vasopressine augmente la colère dans les relations avec les proches.

Tempérament : Twingo vs Ferrari

On ne nait pas tous égaux au niveau du tempérament. On peut comparer l’intensité des émotions au moteur d’une voiture et la réactivité ou l’impulsivité, à l’accélérateur. La Twingo n’a rien de prestigieux, mais elle est fiable. On sait qu’elle va nous conduire lentement mais sûrement d’un point à un autre. Côté accélération, elle manque un peu de nerf, mais si un virage inattendu se présente, on saura le gérer.

Apprendre à gérer l’intensité des émotions et l’impulsivité

Les personnes qui ont un TBP ressemblent davantage à des Ferrari. A peine l’on effleure l’accélérateur, le moteur s’emballe. Chez une personne souffrant de TPB, le spectre des émotions peut passer de 0 à 100 en une fraction de seconde. Et du coup, c’est plus compliqué de faire face aux imprévus. L’idée, c’est d’apprendre à devenir un bon conducteur. Et il y a de multiples façons de le devenir.

Génétique et environnement interagissent

La génétique et l’environnement interagissent. L’hypersensibilité relationnelle et le tempérament intense vont favoriser des réponses négatives intenses envers les autres. Ces comportements vont engendrer des réactions sociales négatives envers le patient qui vont se perpétuer dans une boucle de rétroaction sans fin qui va nourrir et intensifier le trouble.

La méconnaissance du trouble décuple le risque de rejet et de harcèlement

Cette impulsivité et cette négativité représentent un fardeau énorme pour les parents. Quand ils ignorent tout du trouble, ils font tout ce qu’il ne faut surtout pas faire : ils multiplient les punitions et diminuent les marques d’affection. Et bien sûr, en agissant ainsi, ils aggravent les les symptômes de l’adolescent·e. La même chose se produit avec les pairs. Une méconnaissance du trouble décuple les risques de rejet et de harcèlement. D’où l’importance de la psychoéducation.

Le parcours longitudinal du TPB

Les études montrent que le trouble s’améliore au fil du temps. Au bout de dix ans, il arrive que les patients ne présentent plus qu’un seul critère. Les patients peuvent se stabiliser et se rétablir de manière durable.

Informer pour déstigmatiser le trouble

Il est important de transmettre aux patients, à la famille et aux proches des connaissances sur la santé mentale. Ils pourront ainsi reconnaître les troubles, les prévenir et mieux les gérer. Ils doivent être capables d’identifier les troubles spécifiques et les facteurs de risque. En s’informant sur la santé mentale et sur les aides qui existent, ils contribueront à faire tomber les barrières et à réduire la stigmatisation.

On sait aujourd’hui que la psychoéducation améliore le fonctionnement psychosocial et réduit l’impulsivité.

Interventions précoces possibles

Il existe plusieurs possibilités d’interventions précoces et le GPM-A en fait partie :

  1. HYPE (Helping Young People Early)
    2. ERT (Emotion Regulation Training)
    3. CAT (Thérapie cognitive analytique)
    4. MBT-A (Traitement base sur la mentalisation pour les adolescents)
    5. DBT-A (Dialectical Behaviour Therapy for Adolescents)
    6. GCC (Good Clinical Care)
    7. TFP-A (Psychothérapie centrée sur le Transfert pour les Adolescents)
    8. GPM-A (Good Psychiatric Management for Adolescents)

Le changement prend du temps, mais le rétablissement est possible. Autrement dit, le diagnostic n’est pas une condamnation à vie !

Extrait retranscrit à partir de la formation du 21 avril 2023 sur le GPM-A.