GPM-A : trouble de la Personnalité Borderline chez les ados, modèles et critères différenciants

10 Sep 2023 | Colloque

Cet article fait partie d’une série consacrée au GPM-A (Good Psychiatric Management pour Adolescents), qui est un traitement généraliste permettant une prise en charge efficace des adolescents souffrant du trouble borderline (TPB).

Il s’agit d’une adaptation du modèle développé pour les adultes par le Dr John Gunderson de l’hôpital de Mc Lean (Université de Harvard).


Les différents modèles du TPB

Les modèles catégoriels (CIM et DSM)

Le diagnostic du trouble de personnalité borderline (TPB) se fait principalement sur la base de la Classification internationale des maladies (CIM-1) et du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5). Ces deux classifications comportent des différences mais ce sont des modèles catégoriels Les pathologies y sont définies et rangées dans des catégories en fonction des dernières données scientifiques et médicales. Comme tous les modèles, ce modèle a ses forces et ses faiblesses.

Il existe aussi des questionnaires et entretiens semi-structurés pour évaluer la dysrégulation émotionnelle, l’impulsivité, la colère, l’identité, la mentalisation, les difficultés interpersonnelles et le niveau d’organisation psychique.

Le modèle dimensionnel

Aujourd’hui, le modèle de plus en plus utilisé est le modèle dimensionnel. Ce modèle étudie de manière plus large le fonctionnement de la personnalité humaine. Il fait une distinction entre le fonctionnement normal de la personnalité et des fonctionnements plus pathologiques. C’est ce que l’on appelle la salutogenèse (ou salutogénèse). Développé par le sociologue médical Aaron Antonovsky, ce concept, désigne une approche centrée sur les facteurs favorisant la santé et le bien-être (physique, mental, social, etc.) plutôt que sur les causes des maladies (pathogenèse). Pour le TPB, le modèle dimensionnel se concentre sur les problèmes liés au soi et aux relations interpersonnelles. Il vise à promouvoir un développement sain de la personnalité et à renforcer la résilience des jeunes en les aidant à donner un sens à leur vie, mais aussi à comprendre et à gérer ce qui leur arrive.

Critères différenciants du TPB

La section III du DSM-5 permet d’effectuer une estimation diagnostique supplémentaire pour les deux critères suivants :

Critère A : fonctionnement altéré de la personnalité au niveau du soi (identité, auto-détermination) et de la sphère personnelle (empathie, intimité). Une altération minimum de niveau 2 est requise pour poser le diagnostic.

Critère B : évaluation des caractéristiques problématiques de la personnalité : affectivité négative, détachement, antagonisme, désinhibition et psychoticisme.

Ces altérations doivent être rigides et envahissantes (critère C), avoir débuté au plus tard à l’adolescence (critère D). Elles ne doivent pas résulter d’un autre trouble psychiatrique (critère E). Elles ne doivent pas résulter d’une addiction, d’un abus de substance ou d’une maladie médicale (critère F).

Les critères spécifiques sont :

  • Critère A : une altération dans au minimum 2 des 4 domaines (Identité, Empathie, Auto-détermination, Intimité).
  • Critère B : au minimum 4 des 7 facettes suivantes :
  1. labilité émotionnelle ;
  2. tendance anxieuse ;
  3. peur de l’abandon ;
  4. dépressivité pour l’affectivité négative ;
  5. impulsivité ;
  6. comportements à risque pour la désinhibition ;
  7. hostilité pour l’antagonisme.

Le critère A est au cœur de tous les troubles de la personnalité. Il se concentre sur le fonctionnement global de la personnalité. Les recherches suggèrent que le TPB se superpose à d’autres troubles et peut représenter un dysfonctionnement général de la personnalité.

Un adolescent qui ne sait pas qui il est et qui n’a ni valeurs ni buts précis dans la vie peut difficilement se construire. Il est important de le motiver dans sa quête de sens et de cohérence pour améliorer sa résilience. La peur de l’abandon peut l’empêcher d’aller vers les autres. Son absence d’empathie vient du fait qu’il ne comprend pas comment il fonctionne, ni comment les autres fonctionnent.

Toutes ces caractéristiques interfèrent avec des relations saines qui permettent de vivre une vie satisfaisante. Il convient donc de les prendre en charge au plus vite et c’est justement ce que permet le GPM.

Extrait retranscrit à partir de la formation du 21 avril 2023 sur le GPM-A – Lien vers vidéo de la séquence animée par le Pr Lois Choi-Kain

Source : Handbook of Good Psychiatric Management for Adolescents with Borderline Personality Disorder, Edited by Lois W. Choi-Kain, M.D., M.Ed. and Carla Sharp, Ph. D.